<463>neur de me dire des réflexions à faire sur le présent et sur l'avenir. Je me ferais quasi fort de prouver démonstrativement que, en remplissant exactement ses devoirs présents, l'on peut et l'on doit principalement penser à l'avenir, et que s'il arrive que celui-ci soit plus important que l'autre, et qu'il s'agisse de déroger ou de préjudicier à l'un des deux, il vaut infiniment mieux se conserver pour l'avenir, en négligeant le présent, que de s'appliquer au présent pour négliger le futur.

4o Je pourrais écrire un petit in-folio sur le chapitre du comte de Hoym, au sujet duquel je ne suis nullement surpris de la bonté que V. A. R. a eue pour lui. L'ayant connu lorsqu'il était encore à l'école, et lui ayant toujours trouvé une figure très-prévenante et plusieurs qualités fort aimables, je l'ai toujours aimé comme mon propre frère. Comme j'étais dès lors déjà dans le ministère, j'ai été un des premiers à le produire et à prôner son mérite; et, voyant qu'il semblait s'attacher à moi, et qu'il me montrait de l'amitié, je fus ravi de l'occasion que j'eus, il n'y a pas une douzaine d'années, de contribuer principalement à lui faire faire tout à coup la fortune la plus brillante que jamais peut-être un jeune homme de moins de trente ans ait faite, et voici comment.

Il vint à Varsovie (ce fut la même année que le roi de France se maria)a demander une augmentation de gages et de nouvelles instructions par rapport au mariage de Sa Majesté Très-Chrétienne. Le roi défunt n'ayant pas alors d'autre ministre allemand auprès de lui que moi, et déférant presque aveuglément à toutes mes représentations, je fis si bien, que le comte de Hoym obtint beaucoup au delà de ce qu'il était venu solliciter. Je lui fis obtenir le titre de ministre de Cabinet, le cordon bleu, le caractère d'ambassadeur (chose d'autant plus extraordinaire, qu'il n'y avait pas d'exemple que le Roi eût nommé un ambassadeur sans le tirer du sein de la république de Pologne, à laquelle il fallut le faire agréer dans la suite), deux mille écus de pension par mois, dix ou douze mille pour se mettre en équipage, et le payement d'un compte d'apothicaire qu'il me donna de quelques arrérages et faux frais.

Mais ce que je fis encore de plus avantageux pour lui, et en


a En 1725.