<477>M. Wolff, et assez d'autres recrues pour être en état de barbouiller encore plusieurs nouvelles pages. Mais, ayant encore un grand dîner à expédier aujourd'hui chez le baron de Brackel,a et voulant achever cette lettre avant que de m'y rendre, je réserverai tout cela pour une autre fois, me contentant pour celle-ci de vous assurer, monseigneur, que V. A. R. verra ses chênes métamorphosés en asperges, et son lac en Caucase, quand elle verra la fin de la dévotion avec laquelle j'ai l'honneur d'être, etc.

27. AU COMTE DE MANTEUFFEL.

Moitié à Ruppin, moitié à Rheinsberg, ou sur mon départ de l'un
pour aller à l'autre, 21 août 1736.



Mon cher Quinze-Vingt,

J'ai reçu avec bien du plaisir celle que vous venez de m'écrire sous la date du 19. Je vous demande pardon d'avoir manqué à la date de ma lettre; mais je souhaiterais que ce fût la moindre des bévues qui m'échappent. Vous voyez que je me corrige, car j'ai bien circonstancié celle d'aujourd'hui.

Pour ce qui regarde Pöllnitz, je reconnais toute la sagesse du conseil que vous me donnez, et je puis vous assurer qu'en partie je l'ai déjà pratiqué depuis longtemps, et que je n'ai jamais fait remarquer à Pöllnitz ni dédain ni mépris. J'ai badiné avec lui sur son humeur caustique; je l'ai averti que l'on disait en ville qu'il se moquait du Roi et qu'il le contrefaisait, et je l'ai prié d'être sur ses gardes, afin que pareilles choses ne lui attirassent du chagrin. Vous savez sans doute l'histoire; ainsi vous voyez que je ne lui ai dit que des choses qui pouvaient lui être salutaires; mais puisqu'il les prend si mal, je ne lui dirai plus rien. Il prend même toutes les louanges que je lui donne pour des ironies, et tout ce que je lui puis dire, d'ailleurs, lui semble équivoque ou double.


a Envoyé de Russie à la cour de Berlin.