<531>Le maréchal de Noailles part d'ici pour se rendre à son armée le 22 avril, et tous les généraux de son armée le précéderont de deux jours. Le maréchal de Noailles commandera dans les trois évêchés, et se tiendra à Metz, dans son gouvernement. On m'a assuré pour très-sûr que le Roi fera la campagne,a et pendant que S. M. sera en campagne, madame la duchesse de Châteauroux, avec d'autres dames, ira à Saint-Amand, qui est en Flandre, sous prétexte d'y prendre des eaux.

Tout le monde veut que le comte de Saxe sera fait maréchal de France; et comme il est luthérien, et qu'il faut faire abjuration, on lui donne trente ans pour faire le serment entre les mains du Roi. J'ai vu hier cedit comte; il a toujours des projets aussi extraordinaires qu'à son ordinaire.

Je ne vous mande rien de ce qui regarde les flottes, Sire, M. de Chambrier vous ayant instruit de cela, et qu'il est inutile de vous en faire des répétitions continuelles.

L'armée de M. le maréchal de Noailles en Flandre sera forte de quatre-vingt-quatorze bataillons et de cent soixante-huit escadrons. Le bataillon doit être de six cent quatre-vingts hommes, mais je suis sûr qu'ils ne sont effectivement que de six cents; les escadrons sont de cent cinquante, et complets en hommes et chevaux.

L'armée de M. le maréchal de Coigny sur le Rhin sera de soixante bataillons et de cent escadrons, et il y aura des troupes à portée de l'Alsace pour renforcer cette armée, en cas que le prince Charles y porte des forces considérables.

Je vous envoie ci-joint, Sire, des vers qui ont été faits sur M. de Voltaire.

J'espère, Sire, que vous aurez la bonté de me permettre de revenir aussitôt que nos affaires seront arrangées ici. Je suis avec un très-profond respect, etc.


a Voyez t. III, p. 49 et suivantes.