<543>mée pour investir Menin, dont on fera le siége, qui, selon les apparences, ne durera pas plus de huit ou dix jours. Les lettres que j'ai reçues de mes amis de l'armée, et qui sont des gens vrais, disent que l'armée est fort belle. Le Roi a sous ses ordres, en Flandre, en campagne cent seize bataillons qui sont presque complets, et deux cent huit escadrons en bon état. Voilà une grande armée, à même d'entreprendre de belles choses. Il faudra voir comme elle agira; le temps nous l'apprendra. On ne doute pas que le Roi veut agir avec vigueur, et il y a beaucoup de bonne volonté dans le soldat et dans l'officier. Les Français ont une artillerie considérable en campagne, en Flandre; elle consiste en cent vingt pièces de vingt-quatre livres de balle, et deux cents de six à douze livres de balle; voilà assurément de quoi foudroyer une ville.
Voilà M. le prince de Conti le maître de tout le comté de Nice et de Villefranche; on espère ici que le roi de Sardaigne, qui se voit si maltraité, et une grande partie de son infanterie défaite et dissipée, et ne voyant pas arriver du secours par le prince de Lobkowitz, il pourra bien prendre le parti de s'accommoder avec cette cour et l'Espagne, en lui donnant un avantage considérable dans le Milanais; du moins le bruit en court ici très-fort.
J'envoie ci-joint à V. M. la lettre du roi de France à l'archevêque de Paris pour faire chanter le Te Deum. Il y a eu ici des réjouissances publiques au sujet des avantages remportés par les Français contre le roi de Sardaigne.
Je vous ai acheté, Sire, un beau et magnifique tableau de Lancret, représentant le Théâtre italien avec toutes sortes de figures agréables et bien finies; il me coûte douze cents livres. Je cherche quelques tableaux de Watteau; j'en trouve bien quelques-uns de cet auteur; niais ils ne sont pas bien finis, et sur ces derniers temps ces tableaux paraissent comme des essais, ce qui ne fait pas mon affaire. J'espère pourtant que je trouverai encore, avant que je parte, ce que je cherche pour vous. Je finis en vous renouvelant le profond respect avec lequel je suis, etc.