<546>Tournai est à présent dompté; on dit très-fort que le roi de France en veut au duc de Cumberland, et qu'il veut absolument le voir encore une fois fuir devant lui. Le prince de Conti a choisi à présent une meilleure position que celle qu'il avait, et je crois qu'il est encore en état de faire quelque chose. Le roi de Sardaigne vient d'embrasser la neutralité; le prince de Lobkowitz se réfugie dans le sérail; les Français, les Espagnols et les Génois pénètrent dans le Milanais; les Hollandais ont choisi la fin de cette campagne pour le terme de leurs faits guerriers, desquels ils sont fort dégoûtés; enfin, si malheur n'arrive, nous verrons bientôt de nouvelles scènes, et peut-être une décoration plus avantageuse pour nous, sur le théâtre de l'Europe, que nous n'avions lieu d'espérer.
La journée du 4a fait un grand tintamarre dans le monde, et beaucoup d'honneur à l'armée; l'on en est charmé en France. Voltaire en veut faire un poëme; mais je vous prie d'écrire à Thieriot que je priais le poëte de n'en rien faire, mais que s'il voulait me faire plaisir, il m'enverrait la Pucelle.
Adieu, mon cher Rottembourg; au plaisir de vous revoir en bonne santé.
Si vous n'avez pas de vin de Champagne, mandez-le-moi.
28. AU MÊME.
Au camp (de Chlum), ce 10 (août 1745),
à quatre heures.
Mon cher Rottembourg,
Je suis bien aise de vous savoir bien établi dans votre camp, et que tout s'y trouve en bon état. Je suis ici toujours occupé du même objet, qui est de faire le plus de mal que je puis aux Au-
a La victoire de Hohenfriedeberg, remportée le 4 juin 1745. Voyez t. III, p. 125 et suiv.