<580>secret, dans l'espérance que cela ne vous sciait point désagréable; et quoiqu'on n'ait pas manqué d'y rencontrer quelques difficultés, surtout à cause de la proximité du sang qu'il y a entre la princesse et le grand-duc,a néanmoins on a trouvé les moyens de lever ces obstacles, et le succès de cette affaire a été jusqu'à présent tel, que j'ai tout lieu d'en espérer une heureuse issue, pourvu que vous vouliez y prêter votre consentement, et agréer le voyage que S. M. I. vous propose. Mais comme il n'y a que très-peu de personnes qui sont instruites du véritable sujet de ce voyage, et qu'il est d'une nécessité absolue que le secret en soit bien gardé, je crois que Sadite Majesté Impériale aimera fort que vous en fassiez un mystère en Allemagne, et que vous preniez même un soin tout particulier pour que le comte de Czernichew, son ministre à Berlin, n'en ait connaissance; aussi, pour masquer d'autant plus votre voyage, S. M. I. paraît souhaiter que M. le Prince votre époux n'en soit pas pour cette fois, et que vous le commenciez avec la princesse votre fille, en faisant un tour à Stettin, pour vous mettre de là en chemin vers Pétersbourg, sans en parler en Allemagne. Outre cela, je viens d'être averti que S. M. l'Impératrice avait actuellement ordonné de vous faire remettre par le comptoir prussien qui est à Pétersbourg dix mille roubles pour l'équipage et pour les frais du voyage, et qu'à votre arrivée à Pétersbourg vous trouveriez encore mille ducats prêts pour achever le voyage à Moscou, mais qu'elle désire en même temps que quand vous y serez arrivée, vous disiez de n'avoir entrepris ce voyage pénible que pour remercier de bouche S. M. l'Impératrice des bontés éclatantes qu'elles a eues pour monsieur votre frère et en général pour toute la famille. C'est tout, madame, ce dont je vous puis avertir à présent; et comme je me tiens assuré que vous en userez avec toute la discrétion imaginable, je serais infiniment flatté si vous vouliez donner votre agrément sur tout ce que je viens de vous mander, et me marquer par quelques mots de réponse ce que vous en pensez. Je vous prie, au reste, d'être persuadée que je ne discontinuerai point de m'employer à
a La princesse Sophie-Auguste-Frédérique d'Anhalt-Zerbst et le grand-duc de Russie avaient pour aïeuls les ducs Chrétien-Auguste et Frédéric IV de Holstein-Gottorp, qui étaient frères.