<94>pour V. M., et quelques-uns en furent touchés jusqu'aux larmes. Ils m'en demandèrent des copies, bien sûrs de produire dans tous ceux qui les liraient les mêmes sentiments dont ils étaient pénétrés eux-mêmes. Je leur refusai ces copies, et je donnai seulement à deux ou trois d'entre eux un extrait de ce qu'il y avait dans ces lettres de plus intéressant, de plus moral, de plus sensible, de plus propre enfin à faire chérir et respecter l'auguste auteur de ces lettres.
Ces extraits ont été imprimés dans un journal sans ma participation; et à vous dire le vrai, Sire, je n'ai pu m'en repentir, par l'effet général qu'ils ont produit sur tous ceux qui les ont lus. Si je suis coupable, c'est d'avoir donné à V. M., s'il est possible, un plus grand nombre d'admirateurs; et je ne puis croire qu'une telle faute me rende criminel à ses yeux. L'intention doit au moins faire excuser l'action.
Quant à toutes les autres lettres que V. M. m'a fait l'honneur de m écrire, je puis l'assurer que je n'en ai donné de copie à qui que ce soit au monde, ni en entier, ni par extrait; que je ne les ai même lues qu'à un très-petit nombre de sages, à qui tout ce qui vient de V. M. est cher et précieux. Je n'ai point ouï dire qu'il en coure à Paris des copies manuscrites, et, s'il en courait, j'ose assurer, Sire, que ce seraient des copies factices et supposées.
Ce n'est pas la première fois qu'on a imprimé de prétendues lettres que V. M. m'avait, dit-on, adressées. J'ai donné deux ou trois fois un démenti public à ces faussaires, et à la fin je m'en suis lassé, en priant ceux qui les liraient à l'avenir de les regarder comme des imposteurs.
Il se peut qu'on ait fait courir dans le public quelques phrases tronquées et infidèles de ces lettres; c'est ce que j'ignore. Mais V. M. peut se rappeler que, à l'occasion de quelques phrases qu'on fit courir ainsi il y a quelques années, elle soupçonna qu'elles étaient répandues par ceux qui de Berlin à Paris ouvrent, comme l'on sait, toutes les lettres aux postes. Elle me fit l'honneur de me le mander, et si le fait dont elle se plaint est vrai, il se pourrait qu'il eût la même cause.
Soyez donc persuadé, Sire, que s'il a couru, par ma faute ou