<133>comme nous ne sommes pas en état d'agir offensivement de tous les côtés, il faudra que, pendant mon expédition, vous conteniez les ennemis, où vous serez, par des camps forts, jusqu'à ce que, après la fin de mon expédition, je puisse venir ou vous envoyer des secours, pour vous mettre en état d'agir offensivement; et dans ce cas, je vous recommande de ne point mettre en jeu toute l'armée, mais de vous borner à un seul point d'attaque, et de préparer d'avance les officiers à cette manœuvre. Il faudra aussi, dès que l'occasion et la tranquillité le permettront, fondre les grenadiers de Kalenberg et Bähr dans vos bataillons de grenadiers délabrés, les régiments de Manstein et Wietersheim dans Bevern, Henri, Münchow, Schultze et Wied. Chaque général pourra choisir de ces régiments, pour compléter le sien, les meilleurs officiers. Les autres, comme Wietersheim et les officiers non employés, je les payerai, en attendant, extraordinairement de ma bourse. Il faut aussi que votre cavalerie songe sérieusement à se recompléter, et quand vous aurez attiré à vous tous vos secours, vous pourrez reprendre le camp de Neuschloss. Ce mouvement en avant fera un bon effet. Je suis avec estime, etc.

61. DU PRINCE DE PRUSSE.

Camp de Leipa, 12 juillet 1757.



Mon très-cher frère,

J'ai reçu hier au soir la lettre en date du 8. Je n'abuserai point de la confiance que vous me portez, et je garderai un parfait secret sur ce qu'elle contient. Vous permettrez que je vous écrive avec franchise, tout naturellement, comme j'envisage les choses. Vous saurez déjà que le général Brandeis nous a joints, et qu'il a laissé à Zittau pour près de quatre semaines de farine. Les chemins de Zittau jusqu'ici sont difficiles. Pour dix jours de pain, il faut cinq cent cinquante chariots, ce qui demande une escorte