<139>Que tout ceci ne vous fasse point perdre courage; il faut à présent redoubler d'efforts; mais mon sentiment est de tâcher d'en venir quelque part à une décision par une bataille. Si nous n'en venons pas là, l'un et l'autre, avant la fin de la campagne, nous serons perdus.

Vous aurez apparemment reçu dans mes lettres précédentes ce qui regarde les régiments saxons, dont il faut compléter vos régiments. Vous avez donc Manstein, Wietersheim, les bataillons de grenadiers Kalenberg, Bähr et Diezelski à votre disposition; je permets aussi aux chefs des régiments de prendre les meilleurs enseignes et porte-enseigne dans leurs régiments.

Si Daun et le gros de l'armée autrichienne restent vis-à-vis de vous, il faudrait détacher huit à dix bataillons et quelques hussards en Silésie pour couvrir les montagnes, surtout Schweidnitz, et, en cas de besoin, on peut vous fournir pour un mois de farine de Dresde. Vous êtes pourvu à présent jusqu'au 12 août, et l'on pourrait sans peine vous donner jusqu'au 12 septembre.

Fr.

>Ces marches en arrière, à la longue, ne vont pas; il vous manquera toujours ou du fourrage, ou du pain, ou Dieu sait quoi, et vous perdrez autant par désertion que si vous vous battiez avec l'ennemi; et, dans notre situation désespérée, il faut avoir recours à des remèdes désespérés.

Fr.

Il faut toujours vous tourner du côté de la grande armée ennemie; si elle détache pour la Silésie, vous pouvez détacher de même; si elle va en Silésie, et qu'elle détache vers la Lusace, vous ferez la même chose. Envoyez, je vous en conjure, cette lettre à mon frère Henri pour laquelle je vous ai vainement tourmenté avant votre départ.

Frederic.