<451>fin de la campagne, dans un autre régiment;a les soldats auront par homme un florin, et les bas officiers un ducat; et quant aux deux officiers d'Usedom, je leur envoie la croix pour le mérite, et la permissionb de demander encore quelle grâce ils voudront; à chaque bas officier cinq ducats, et aux communs hussards un florin. Pour vous rendre la pareille, mon cher frère, je vous apprendrai que le bataillon de Gillern, qui est avec le général Wunsch au Ratschenberg, dans le comté de Glatz, a été attaqué de nuit par trois bataillons autrichiens. Ils ont voulu le prendre par derrière, par la Brandwache,c en grimpant des rocs escarpés; le bas officier s'est soutenu, le bataillon est venu le secourir; les Autrichiens ont perdu deux cents entre morts et blessés. Gillerna est devenu lieutenant-colonel, le capitaine qui s'est distingué, major, le bas officier, lieutenant, et chaque soldat a reçu un florin, et les bas officiers à proportion. Peines et récompenses, voilà, mon cher frère, ce qui mène les hommes. J'aimerais mieux ne donner que des récompenses, mais cela ne va pas toujours. Le pauvre lieutenant-général Krockowb est mort, n'ayant été malade que cinq jours; j'en suis tout triste; le prince de Würtemberg a le régiment. D'ailleurs, mon cher frère, je ne puis vous parler que de boue, de chemins abominables, et d'une infinité de difficultés en ce genre, qui me donnent souvent de la tablature. Je vais incessamment me porter sur les lieux, pour faire encore des arrangements très-indispensables. C'est en vous embrassant tendrement que je vous prie de me croire avec la plus haute estime, etc.


a M. de Billerbeck fut placé le 7 novembre 1778, en qualité de capitaine en second, dans le 38e régiment (de Falkenhayn). Peu de temps après, il tomba malade, et se tua, à Dresde, le 2 décembre suivant, dans un accès de mélancolie.

b Nous ajoutons les mots la permission, omis dans l'original.

c Garde du feu.

a Ernest-Henri de Gillern, né en Silésie en 1730, et blessé à la bataille de Kunersdorf, fut nommé lieutenant-colonel le 7 septembre 1778, pour le brillant fait d'armes qu'il avait exécuté près de Lewin, dans la nuit du 1er au 2 septembre. Il parvint en 1781 au grade de colonel, et en 1789 à celui de général-major. La même année, il devint chef du 16e régiment d'infanterie. Il mourut en 1792.

b Voyez t. XX, p. XI, et 195-198; t. XXV, p. 655.