89. DE LA REINE.
Berlin, 29 mars 1780.
Sire,
C'est avec un cœur pénétré de reconnaissance que je vous marque mes très-humbles remercîments de la gracieuse attention que vous avez eue pour moi de me faire annoncer avec précaution la triste nouvelle de la mort de mon cher frère.a La part que vous y prenez peut servir à ma consolation. C'est bien triste, dans l'espace de deux mois et demi, de perdre un frère et une sœur. La chère duchesse me fait bien de la peine, connaissant le tendre attachement qu'elle avait pour mon cher frère, et cette perte doit lui être bien accablante. Dieu veuille conserver vos jours et vous donner une santé parfaite, et que vous viviez jusqu'à l'âge le plus reculé du monde, pour le bonheur de tout votre pays, et en particulier pour celle dont tout le sien en dépend, et qui vous est bien sincèrement attachée, et qui est avec tout le dévouement imaginable, etc.
90. A LA REINE.
Ce 30 (mars 1780).
Madame,
J'ai craint avec raison que les ravages que la mort vient de faire dans votre famille ne vous affectassent trop sensiblement, surtout parce que ces funestes coups se sont suivis de si près. Mais quel parti reste-t-il à prendre? Nous ne pouvons pas ressusciter les morts; nous ne pouvons que nous soumettre à l'ordre éternel qui assujettit nos amis, nos parents et nous-mêmes à la commune loi. A l'égard du Duc, je suis persuadé que la mort est une espèce de bonheur pour lui, car il ne faisait que traîner les restes
a Le duc Charles de Brunswic, mort le 26 mars 1780.