<541>tranquilliser l'esprit, de renoncer à celte campagne, et de faire usage de votre raison, pour que le chagrin ne contribue pas à miner vos jours et à renverser ce que l'usage de la médecine et des cures suivies qu'on veut vous faire prendre pourra rétablir. Je suis à présent sur le point de recommencer ma vie errante; ainsi je commence à vous demander excuse si vous ne recevez pas de mes lettres ou de mes réponses. Ce n'est pas manque d'amitié; mais l'embarras et le fardeau que je porte est si pesant, que vous ne devez pas trouver étrange que le temps et les fatigues m'interdisent ce que mon cœur désirerait. Faites-moi cependant le plaisir de me marquer quelquefois comme vous vous portez. Je pourrai du moins avoir des nouvelles sûres, et je les aime mieux que les faux bruits qui se répandent, et qui laissent quelquefois dans une cruelle incertitude. Adieu, cher frère; je vous embrasse, en faisant mille vœux pour votre conservation, vous assurant de la tendre amitié avec laquelle je suis, etc.
9. AU MÊME.
Bolkenhayn, 2 avril 1709.
Mon cher frère,
Il n'y a donc plus pour ma vieillesse que des événements de crainte à prévoir, et des objets douloureux qui s'offrent à ma vue. Ce n'est pas assez des cruelles pertes que notre famille a faites, j'en dois prévoir encore d'autres affligeantes et funestes. J'espère que ma sœur en réchappera encore; mais je voudrais bien que vous commenciez à m'écrire que cela va mieux avec vous. Depuis le temps que vous prenez des drogues, elles auraient dû faire quelque effet. L'on veut que vous preniez les eaux ce printemps; il faudra y aller, mon cher frère, et vous baigner, pour essayer de vous remettre. J'ai fait écrire pour des passe-ports,a
a Le gouvernement français fit quelque difficulté de donner au prince des passe-ports pour Sehwalbach; mais il promit qu'on lui ferait l'accueil le plus prévenant à Plombières. Il ne fut fait aucun usage de cette offre.