<545>dards. Finck le joint, et leur corps ensemble marchera sur le prince de Deux-Ponts, et reprendra Dresde. J'espère d'attirer en peu toutes ces armées autour de Dresde, pour les éloigner de mon pays; ce sera là, je crois, que cette campagne-ci se terminera.
Bien mes compliments au prince de Würtemberg, à Seydlitz, et à tous nos généraux blessés; j'espère que Seydlitz sera à présent tout à fait hors de danger; l'ébullition de sang le guérira de sa crampe à la mâchoire et de ses coliques, et comme il est au lit, il ne se refroidira pas. J'espère que les bouillons de vipère vous feront tout le bien que je désire; il faut calfeutrer votre santé pendant que la belle saison dure encore. Je crains l'hiver; il faudra beaucoup vous ménager pour le froid. Enfin, mon cher frère, j'ai encore deux cruels mois devant moi avant d'achever ma campagne. Dans ces deux mois, il peut arriver Dieu sait quel événement. Je vous embrasse de tout mon cœur, en vous assurant de la tendresse infinie avec laquelle je suis, etc.
15. AU MÊME.
(Baunau) ce 24 (septembre 1759).
Mon cher frère,
Je vous remercie des nouvelles que vous daignez me donner de nos officiers blessés. Faites-leur, je vous prie, à tous mes compliments. J'espère que Seydlitz en échappera, et qu'il se tirera tout à fait d'affaire. Vous devez bien juger que, dans la situation où je me trouve, je ne suis pas sans soins, sans inquiétudes, et sans beaucoup d'agitations; c'est la crise la plus affreuse où je me sois trouvé de ma vie. Voilà le moment où il faut vaincre ou mourir. Daun et mon frère marchent ensemble. Il se pourrait bien que toutes ces armées se rassemblassent ici, et qu'une bataille générale décidât de notre fortune et de la paix. Prenez soin de votre santé, cher frère; tranquillisez-vous, et attendez