<546>en patience ce que le ciel ordonnera de nous. Je vous embrasse de tout mon cœur.
16. AU MÊME.
Elsterwerda, 12 novembre 1759.
.... Je vous demande pardon si je ne vous écris pas moi-même; je suis faible et fatigué du voyage.
17. AU MÊME.
(Freyberg) ce 15 (février 1760).
Mon cher frère,
Je me flatte que votre santé va mieux; du moins cela me parait par votre lettre. Notre situation paraît plus passable de loin que de près; on reforme des régiments, mais ce ne sont que des recrues, et à peine avons-nous seize officiers auprès de douze cents hommes. Tout cela ne forme qu'une puissance factice, et dont on peut faire peu d'usage un jour de combat, comme l'expérience ne l'a que trop prouvé. Toute l'armée est en cantonnements resserrés depuis l'hiver, et forme le cordon contre l'ennemi. Ne nous flattons pas pour l'avenir; je crains et je prévois des malheurs pour la campagne prochaine. Nous avons fait des pertes irréparables la campagne passée, et les suites accablantes ne s'en feront sentir que la prochaine campagne. Je vous dis la vérité; elle n'est pas agréable, et, pour l'ordinaire, elle ne flatte pas. Vous pouvez croire que toutes ces idées tristes ne me flattent guère, et que je ne suis pas gai; cependant cela ne m'empêche point d'être avec beaucoup de tendresse, etc.