<70>lut plus de cent personnes pour persuader à madame que monsieur n'était point trépassé, et qu'il fallait le soigner comme tout plein de vie. Ce qu'il y a de mieux, c'est que le malade s'approche plus de la convalescence que de la mort, et que madame n'en paraît pas autrement édifiée. J'ai trouvé la singularité de cette histoire digne d'être rapportée à ma très-chère maman. Je souhaiterais de pouvoir l'amuser avec quelque chose de mieux, mais encore est-ce beaucoup quand Potsdam fournit un pareil conte.
J'ai l'honneur d'être avec la tendresse la plus respectueuse, etc.
8. A LA MÊME.
(Camenz, mai 1745.)
Madame,
Les conjonctures difficiles où je me trouve, et l'embrasement général de la guerre, qui paraît souffler cet incendie au cœur de mes Etats,a m'obligent, par la vive et respectueuse tendresse que j'ai pour la personne sacrée de ma très-chère maman, de la conjurer de quitter, pendant ce temps de troubles, le séjour de Berlin. Elle peut choisir de Stettin ou de Magdebourg lequel de ces deux endroits lui paraîtra le plus propre à se retirer. Ma très-chère maman a tant de grandeur d'âme et de fermeté, que je suis persuadé que, malgré la dureté du parti que notre situation l'oblige de prendre, elle conservera sa santé, qui m'est plus précieuse que ma vie; le même coup du sort qui cause cette fatalité pourra la redresser. Je l'assure que je ne crains que pour elle, que nos affaires ne sont point désespérées, et que, avec l'assistance de Dieu, le remède ne sera pas longtemps à opérer. Je la supplie de me croire avec tous les sentiments de respect et de tendresse,
a Voyez t. III, p. 121 et 136.