<98>comme Stettin est si proche,a voulez-vous faire le voyage avec moi? Si cela vous convient, votre présence me fera grand plaisir. Je ne doute point que vous ne mettiez votre régiment sur un très-bon pied, et qu'il ne soit tout au mieux. Je vous prie de leur faire faire quelques mouvements et quelques dispositions de guerre, pour qu'ils n'en perdent point l'idée. Vous assurant, mon très-cher frère, de la parfaite tendresse et de tous les sentiments avec lesquels je suis, etc.
19. AU MÊME.
Breslau, 5 septembre 1747.
Mon très-cher frère,
J'ai bien cru que le congé de ma sœur fournirait une scène touchante; la sensibilité de son cœur et l'amitié qu'elle a pour ses parents ne permettent pas de faire de pareilles séparations sans douleur et chagrin. Je la crois présentement de retour à Baireuth, où la vue d'un mari, d'une fille, et d'une infinité de personnes qui lui sont attachées, la distrairont des idées fâcheuses d'une séparation douloureuse.
Je suis ici à me tracasser comme une âme maudite. Le gros de mon ouvrage est fini; il s'agit encore de quelques détails militaires qui me restent, de quelques forteresses à examiner, de quelques revues à faire, et d'une centaine de lieues à parcourir. Je m'en suis tiré jusqu'à présent assez bien; mon âme fait aller mon corps, et je compte d'avoir fini toutes mes affaires et d'être avec cela de retour le 16 de ce mois. On ne remarque plus ici la guerre; la récolte abondante a entièrement fermé les plaies qu'avaient faites les incursions des Autrichiens.a J'ai trouvé beaucoup d'ouvrage achevé à Glogau; on ne travaille plus à
a Le Prince de Prusse était à Kyritz, garnison de son régiment de cavalerie. Voyez t. III, p. 154; t. IV, p. 148; et ci-dessus, Avertissement, art. III.
a Voyez t. III, p. 87 et suivantes, 122 et suivantes.