<XIV>Leitmeritz, donna à ses ministres d'État l'ordre de se conformer au vœu de sa mère, qui en avait recommandé l'accomplissement à la princesse Amélie. Cet ordre fut exécuté dans la nuit du 4 juillet.

Frédéric avait pour sa mère l'attachement le plus respectueux et le plus tendre. A son avénement, il lui donna le titre de Reine-mère,a et comme elle voulait le nommer Votre Majesté : « Appelez-moi toujours votre fils, lui dit-il; ce titre est plus précieux pour moi que la dignité royale. »b Il ne cessa de lui témoigner son affection par des attentions de toute espèce. A Noël 1744, par exemple, il lui donna une cassette renfermant mille pistoles, du myrte et de l'encens; ce présent était accompagné de vers fort aimables. Une autre fois, au mois de mars 1745, la Reine-mère, voulant aller se promener en voiture, fut agréablement surprise en voyant que son fils avait renouvelé ses équipages avec le plus grand luxe.c Chaque année, Frédéric arrangeait des divertissements pour cette princesse : c'était tantôt une fête champêtre, tantôt une tournée dans les châteaux des princes ses frères. Le voyage que la Reine-mère fit, au mois d'avril 1745, à Oranienbourg et à Rheinsberg,d et qui dura neuf jours, est connu par la pompeuse description qu'en fit le baron de Pöllnitz.e L'année suivante, la fête de famille commença à Charlottenbourg; Frédéric l'avait annoncée à sa sœur de Baireuth, en lui écrivant, le 10 mai : « A mon retour de Pyrmont, la Reine douairière viendra (le 27 juin) à Charlottenbourg, où je ferai ce que je pourrai pour lui faire passer le temps agréablement. De là nous irons à Oranienbourg, où nous vivrons sur les crochets de mon frère de Prusse, et de là toute la compagnie se rendra à Rheinsberg, chez mon frère Henri. »f Frédéric parle aussi de cette fête dans sa lettre inédite à son frère le prince Guillaume, de Potsdam, 17 juin 1746. « Nous voulons, dit-il, amuser notre mère par un voyage champêtre et par des plaisirs de la campagne. Tenons-nous à ce projet, et ne mêlons point les orties et les ronces aux jasmins et aux roses. » En 1747, la famille royale


a A partir du mois de juillet 1742, les journaux de Berlin la nomment Ihro Majestät die Königliche Frau Mutter.

b Voyez la Vie de Frédéric II, roi de Prusse (par de la Veaux), Strasbourg, 1787, t. IV, p. 13.

c Voyez la lettre de la princesse Amélie à Frédéric, du 27 mars 1745.

d Voyez ci-dessous, p. 175, no 10.

e Voyez (A.-B. König) Versuch einer historischen Schilderung der Residenzstadt Berlin, t. V, IIe partie, p. 85-104.

f Voyez ci-dessous, p. 104.