9. AU MÊME.
Neisse, 4 avril 1745.
Mon cher Henri,
Je suis bien aise d'apprendre par vous que la Reine-mère jouit d'une parfaite santé, et qu'elle est contente. Ce m'est une satisfaction de savoir également que vous vous divertissez bien. Continuez sur ce ton, et prenez patience. Vous m'écrivez que les gardes et les gardes du corps vont bientôt se mettre en marche; <152>mais, mon cher, vous ne distinguez pas qu'il faut quatre semaines pour qu'ils arrivent, et qu'il ne vous faut que quatre jours. Malgré toute votre ambition et votre bonne volonté, vous avez pensé mourir en Bohême, et ma présence vous a été entièrement inutile. Je vous aime de tout mon cœur; mais je ne veux pas exposer inutilement la vie d'un frère qui m'est cher. Si le bien de l'État et votre propre gloire le demandent, à la bonne heure; c'est alors votre vocation; mais il ne faut point que ce soit mal à propos. Soyez donc tranquille, mon cher Henri, et attendez qu'il soit temps de venir ici. Adieu; n'oubliez pas le vieux frère, et soyez persuadé que jusqu'à sa mort il vous aimera tendrement.