78. DU PRINCE HENRI.
Unckersdorf, 25 janvier 1760.
Mon très-cher frère,
Vous me témoignez bien gracieusement vos bontés par la lettre que vous avez daigné m'écrire hier. Je n'ai aucun droit pour les mériter que le sincère intérêt que je prends à votre situation; <207>c'est ce sentiment qui me porte à souhaiter qu'une guerre si pernicieuse finisse. L'espoir que vous me donnez à l'égard de la France me remplit du même contentement que cette espérance vous donne. J'avoue franchement, comme j'ai déjà eu l'honneur de le faire, que la plus grande honte, et de tous les malheurs le plus grand, serait la perte de l'État. L'importance du sujet ne me permet pas de dissimuler mes sentiments lorsque j'ai l'honneur de vous écrire, et j'aime mieux avoir trop de franchise que de voiler ce que j'entrevois sur cet objet, persuadé que tout homme qui vous est attaché pense à ce sujet comme moi. Tout est tranquille ici, et je n'ai rien de nouveau dont je puisse avoir l'honneur de vous entretenir.
Je suis, etc.