140. DU MÊME.
Freyberg, 28 novembre 1762.
Mon très-cher frère,
Si je consultais le sentiment qui m'anime, j'irais tout de suite vous remercier de bouche pour la donation que vous avez eu la grâce de m'envoyer.301-a Le présent que vous me faites là est très-considérable; je ne dissimule pas que les besoins de la vie me rendent sensible aux choses qui les procurent, mais je puis avec vérité vous dire que mon plus grand plaisir consiste d'avoir une preuve certaine de votre satisfaction. Il n'y a aucune proposition qui puisse m'être plus agréable que celle que vous daignez me faire en me permettant d'oser vous faire ma cour à Leipzig, après avoir été privé de cet honneur pendant plusieurs années. J'en profiterai avec tout l'empressement. Je compte de me rendre d'ici à une couple de jours à Dahlen, maison qui appartient au comte de Bünau, à distance égale de Leipzig, de Meissen et de Torgau. Si vous vouliez agréer que j'osasse, pour une couple de semaines, faire un tour à Berlin pour arranger mes affaires domestiques, je retournerais ensuite par Magdebourg; cependant <264>je ne suis pas si fort pressé, et j'aimerais mieux avant tout de vous faire ma cour pendant quelque temps. C'est uniquement pour que je puisse m'arranger sur la résolution que vous voudrez prendre que j'anticipe à vous écrire à ce sujet. Je suis, etc.
301-a Après avoir vu avec son frère le champ de bataille de Freyberg, le 10 novembre 1762, Frédéric retourna à Meissen, d'où il expédia, le même jour, l'acte de la donation qu'il faisait au prince des deux bailliages de Wegeleben et de Westerbourg, situés dans la principauté de Halberstadt, et faisant partie de la succession du margrave Charles.