350. AU MÊME.
Breslau, 15 novembre 1778.
Mon cher frère,
L'ennemi paraît vouloir nous harceler tout l'hiver. Il a fait une attaque sur le village de Weisskirch, qui a été défendu par le régiment de Rentzell529-b avec tant de vigueur, qu'ils l'ont pour<466>suivi presque un demi-mille. Voilà, en vérité, tout ce que je puis vous marquer d'ici. D'ailleurs, les affaires ne me manquent pas, et ma soi-disant indépendance529-c ne me garantit point d'un travail qui commence à la pointe du jour, et ne se termine qu'à six heures du soir, que les lettres cessent d'arriver. Il y a quelque société ici, que je ne vois que de loin à loin, et voilà tout ce que Breslau me fournit. C'est en vous assurant, mon cher frère, de mon estime et de ma tendresse que je vous prie de me croire, etc.
529-b Le lieutenant-général Christophe-Frédéric de Rentzell, chef du 23e régiment d'infanterie, était mort à Frankenstein le 4 juin 1778, dans sa soixante-seizième année, et ce fut son successeur, le général de Thüna, qui défendit le village de Weisskirch, le 12 novembre.
529-c Ces derniers mots font allusion au passage suivant d'une lettre inédite du prince Henri à Frédéric, Gross-Sedlitz, 12 novembre 1778 : « Je ne suis nullement surpris que vous trouviez de grandes occupations à Breslau; c'est l'apanage de la royauté, laquelle sans doute a ses peines, qui sont couvertes par la gloire, la richesse et l'indépendance. »