14. AU MÊME.
Waldow, 10 septembre 1759.
Mon cher frère,
Depuis ma dernière lettre, Dresde a capitulé le jour que Wunsch a battu Maguire auprès des Scheunen. Wunsch de là est retourné à Torgau, que Saint-André voulait reprendre avec onze mille hommes qu'il a sous ses ordres; Wunsch l'a encore battu, lui a pris toutes ses tentes, marmites, havre-sacs et ustensiles de ce corps, avec trois cents prisonniers, six canons et quelques éten<545>dards. Finck le joint, et leur corps ensemble marchera sur le prince de Deux-Ponts, et reprendra Dresde. J'espère d'attirer en peu toutes ces armées autour de Dresde, pour les éloigner de mon pays; ce sera là, je crois, que cette campagne-ci se terminera.
Bien mes compliments au prince de Würtemberg, à Seydlitz, et à tous nos généraux blessés; j'espère que Seydlitz sera à présent tout à fait hors de danger; l'ébullition de sang le guérira de sa crampe à la mâchoire et de ses coliques, et comme il est au lit, il ne se refroidira pas. J'espère que les bouillons de vipère vous feront tout le bien que je désire; il faut calfeutrer votre santé pendant que la belle saison dure encore. Je crains l'hiver; il faudra beaucoup vous ménager pour le froid. Enfin, mon cher frère, j'ai encore deux cruels mois devant moi avant d'achever ma campagne. Dans ces deux mois, il peut arriver Dieu sait quel événement. Je vous embrasse de tout mon cœur, en vous assurant de la tendresse infinie avec laquelle je suis, etc.