167. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
Potsdam, 29 mars 1746.
Ma chère sœur,
Je n'ai jamais soupçonné votre cœur d'être le complice de tous les dégoûts que vous m'avez donnés depuis trois années. Je vous connais trop, ma chère sœur, pour m'y tromper, et j'en rejette tout le crime sur des malheureux qui abusent de votre confiance, et se font une joie maligne de vous commettre envers des personnes qui vous ont toujours aimée tendrement. Voilà ce que j'en pense, puisque votre lettre me donne l'occasion de vous le dire. Je vous plains de tout mon cœur d'avoir placé votre amitié si mal. Toute la terre connaît l'indigne caractère de cette créature dont je ne veux pas nommer le nom, de crainte de souiller ma plume. Vous êtes la seule qui êtes aveuglée sur son sujet. Sans comparaison, ma chère sœur, vous me revenez comme les cocus, qui sont toujours les derniers à savoir ce qui se passe dans leur maison, tandis que toute la ville parle de leur aventure. Pardonnez-moi si je vous offense en vous déchargeant mon cœur; mais après la lettre que vous venez de m'écrire, je ne pouvais plus me taire. Vous priant de croire que je n'en suis pas moins avec estime et tendresse, ma chère sœur, etc.
168. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
Le 9 avril 1746.
Mon très-cher frère,
Je ne saurais vous exprimer, mon très-cher frère, quelle joie m'a causée la dernière lettre que je viens de recevoir de votre part. Vous y rendez justice aux sentiments que j'ai toujours eus pour vous; c'est tout ce que j'ai souhaité, et je ne désire rien avec plus d'ardeur que de vous faire connaître de plus en plus mon carac-