<170>de ces bagatelles, vous vous imaginerez peut-être, ma chère sœur, que je n'ai l'esprit rempli que de balivernes; mais pour vous prouver le contraire, j'ose vous prier de faire rechercher dans vos archives de Plassenbourg si vous n'y trouverez point des anecdotes sur les premiers électeurs de la maison, et en ce cas je vous demande la permission de profiter des lumières que ces vieux documents peuvent répandre sur une histoire dont je tâche d'ébaucher l'essai.b
Je vous demande pardon, ma très-chère sœur, si je vous importune avec de pareilles billevesées; mais lorsqu'on écrit, il n'est pas indifférent de s'instruire. J'ajouterai cette reconnaissance à toutes celles que je vous ai déjà, vous priant de me croire avec la plus parfaite tendresse, ma très-chère sœur, etc.
199. A LA MÊME.
Berlin, 29 décembre 1747.
Ma très-chère sœur,
J'ai reçu votre présent de l'Ermitage, dont je vous rends mille grâces. La paille des lieux que vous habitez m'est plus chère que les trésors du Pérou et les bijoux du Bengale. Je regarde cette tabatière avec le même respect que les juifs ont pour la terre qui vient de Jérusalem,a et que les chrétiens ont pour les morceaux de la vraie croix. Je ne vous déguiserai point que votre situation m'inquiète quelquefois, ma chère sœur; mais le printemps me
b Voyez t. I. p. XXXV et suivantes. Frédéric écrivit à sa sœur, le 8 janvier 1748 : « Je vous rends mille grâces des étiquettes de vos archives que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Après les avoir bien examinées, je n'en ai trouvé aucune qui indiquât quelque pièce où il se trouvât les anecdotes que je désirais. » Il lui écrivit encore, le 14 février de la même année : « J'aurai l'honneur de vous envoyer notre volume de l'Académie, de l'année 1747, où vous verrez un essai sur l'histoire de Brandebourg jusqu'à Frédéric-Guillaume. Les autres pièces suivront successivement dans les volumes de 1748 et 1749. »
a Voyez t. XXIV, p. 491.