<191>et du bas. Je m'en suis aperçu, ayant la goutte; la patience m'en a délivré à bon marché. J'ai pris la fièvre tierce; un peu de patience encore et beaucoup de quinquina me l'ont fait passer. Je vous embrasse mille fois, en vous priant de me croire avec la plus parfaite tendresse, ma très-chère sœur, etc.

217. A LA MÊME.

Sans-Souci, 14 juillet 1749.



Ma très-chère sœur,

Souffrez que je vous fasse mes compliments sur l'anniversaire de votre naissance. Vous savez, ma très-chère sœur, comme je pense sur ce chapitre, l'intérêt que je prends à ce qui vous regarde, et la tendresse que j'ai pour vous; mes vœux sont toujours les mêmes pour votre santé et pour votre satisfaction. Notre chère mère est, grâce au ciel, tout à fait rétablie; elle se promène à Monbijou, et se divertit de son mieux. Je suis fort surpris du bruit qu'on a fait à Stuttgart; je suis toujours du sentiment qu'on prend l'alarme trop chaude et sans raison. Je crains que le jeune prince ne se révolte contre ses pédants, et ne prenne enfin le mors aux dents. Nous attendons aujourd'hui le comte de Saxe,a auquel nous préparons tout l'encens que ses belles actions méritent. Je prends à présent les eaux d'Éger, dont j'espère beaucoup. Voilà comme se suivent nos jours, d'espérances en craintes, et d'illusions en erreurs. Il n'y a personne qui ne se flatte que le lendemain lui soit plus favorable que le moment présent, et souvent son état empire; mais si nous savions d'avance le sort qui nous attend, nous serions doublement malheureux. Vous m'avouerez que voilà bien de la morale pour une lettre datée de Sans-Souci. Lorsque j'y aurai fait un plus long séjour, j'espère d'en prendre un peu mieux et le style, et la façon de penser. Je me recommande, ma très-chère sœur, à l'honneur de


a Voyez t. XVII, p. IV et V, art. IV, et p. 333-345.