<212>C'est dans ce sens-là que j'ai répondu au margrave de Baireuth. Je connais Seckendorff depuis longtemps. Il passait pour un fat dans le temps qu'on l'appelait le Cardinal Nepote, et, depuis ce temps-là, je crois qu'il a ajouté à tant d'autres belles qualités une grande présomption, accompagnée de beaucoup de suffisance. Si la cour de Vienne lui paye une grosse pension, c'est assurément de l'argent mal employé, car lui et sa cour ne valent pas la peine d'être corrompus. Je suis charmé de ce que votre santé soit au moins passable. Je vous fais mille excuses de finir si brusquement, mais il faut que j'aille à Berlin; en vous embrassant mille fois, je vous prie de me croire, ma très-chère sœur, etc.
242. A LA MÊME.
Le 29 mai 1752.
Ma très-chère sœur,
Je vous rends mille grâces de votre précieux souvenir; je fais mille vœux pour que vous passiez votre temps agréablement et en bonne santé. Ma goutte a été obligée de me quitter, parce que nous ne pouvions plus vivre ensemble. J'ai fini mes manœuvres de Berlin, et, en prenant congé de la Reine, on y a beaucoup parlé de vous; certainement, ma chère sœur, vous étiez en bonnes mains, et votre modestie vous aurait empêchée de nous entendre parler sans rougir. Je pars après-demain pour Magdebourg, où je ferai la même chose qu'à Berlin, et ensuite je vais à Stettin faire répéter leur leçon à mes écoliers de là-bas. Vous pensez, ma chère sœur : Mon frère est un fichu maître d'école. J'en conviens, mais il faut faire son métier. Je fais bâtir ici comme un fou; je m'amuse à peupler le pays, non pas de ma progéniture, mais par des colonies étrangères. Il faut qu'on s'occupe pendant qu'on est dans le monde, et, tout pesé, tout examiné, il est plus agréable et plus juste de s'occuper du bien que du mal. Le 20