<264>Frères ennemis.a Avec votre permission, Stefanino chantera cet hiver chez nous, et je lui fais une belle partie. Voilà, ma chère sœur, les misères auxquelles peut s'occuper un pauvre malade. Je manque encore si fort de forces, que, malgré l'envie que j'ai de m'entretenir avec vous, je n'en puis dire davantage, vous priant d'être persuadée de la tendresse et de tous les sentiments avec lesquels je suis, ma très-chère sœur, etc.
294. A LA MÊME.
Ce 11 (mai 1755).
Ma très-chère sœur,
J'ai eu la satisfaction de recevoir aujourd'hui deux de vos chères lettres, l'une datée de San-Remo, et l'autre de Gênes. Je ne m'étonne point que vous ayez trouvé les églises de cette ville superbes, surtout l'Annonciade, qui est richement ornée intérieurement. Gênes est de toutes les villes d'Italie celle où les femmes ont les meilleures façons; mais vous ne trouverez pas la même chose ni à Florence, ni à Rome. J'espère bien, ma chère sœur, que, selon l'usage du pays où vous êtes, vous aurez soin de vous pourvoir de cicisbeo, et je vous prie de me confier ceux qui auront exercé cet emploi à votre portière. Vous irez sans doute de Venise à Livourne par mer; mais je vous supplie de ne point aller en felouque de Rome à Naples, à cause des pirates barbaresques qui infestent ces côtes, et qui pourraient, sinon vous prendre, du moins vous insulter. Je ne puis vous apprendre d'ici des nouvelles plus intéressantes que les fiançailles de mon frère Ferdinand avec la fille de ma sœur de Schwedt;a c'est un mariage à la juive, qui reste dans la famille. Je commence à me remettre un tant soit peu de ma goutte, mais je suis encore dans le cas de dire comme dans la comédie du Roman comique : « Mon- »
a D'après Racine.
a Voyez t. XXVI, p. 613-615, nos 2, 3 et 4.