<292>des Autrichiens, de l'impétuosité des Français, de la férocité des Russes, des grands corps des Hongrois, et de tous ceux qui nous seront opposés. Il faut voir à présent quelle armée tombera en partage au prince Charles, les dispositions qu'ils feront en Bohême, le temps qu'ils voudront se mettre en mouvement, et, passé cela, je vois arriver le moment où l'on fera taire le caquet impertinent de toute cette canaille, tant française qu'autrichienne. Pardonnez-moi ce terme; il y a des moments où la patience s'échappe, et je crois qu'ils ne me donnent pas, à Schönbrunn, des titres plus nobles que ceux-là. Mon frère Ferdinand est de retour de Berlin; il m'a dit que notre chère mère a une grosse toux, ce qui m'inquiète beaucoup, vu son grand âge. Veuille le ciel nous la conserver encore longues années! Je donnerais volontiers ma vie pour prolonger ses jours. Ma moricaude voisine est aussi malade; tout le château est d'une humeur de chien, ce qui me fait présumer qu'ils ont reçu quelque mauvaise nouvelle. Je ne m'en embarrasse guère; pourvu que j'apprenne, ma chère sœur, de bonnes nouvelles de votre santé, et que vous me promettiez de ne vous point inquiéter le printemps prochain, je serai content, vous priant de me croire avec la plus vive tendresse, ma très-chère sœur, etc.
319. A LA MÊME.
Camp de Nimbourg, 21 (juin 1737).
Ma très-chère sœur,
On m'a dit que vous m'aviez envoyé un courrier au camp de Prague. J'étais justement absent, et en marche pour attaquer Daun; cela s'est fait le 18. Malgré tous nos efforts, nous avons trouvé un terrain si difficile, que, pour ne point perdre l'armée, j'ai cru devoir abandonner cette entreprise. Ceci m'a obligé de lever la bloquade de Prague, et de camper ici avec une armée, et