<317>véritable et constante, dont je ne saurais me départir. Voyez donc à présent si vous prendrez tout le soin possible de votre conservation; à cette condition seule je jugerai de vos bontés pour moi et de l'amitié que vous me conservez. J'ai terriblement à faire; c'est ce qui m'empêche de m'étendre plus longtemps sur une matière dont mon cœur est rempli. Soyez-en bien persuadée, de même que personne ne vous aime ni ne vous adore plus que, ma très-chère sœur, etc.
342. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
Baireuth, 10 août 1758.
Mon très-cher frère,
Ce n'est pas au roi, c'est à l'ami et au cher frère que j'ose prendre la liberté d'écrire. Ma grande faiblesse m'empêche de former les caractères et même d'écrire longtemps. Je sais, mon cher frère, que vous désirez le cœur; le mien est tout à vous, pour qui mon attachement ne finira qu'avec ma vie. J'ai été dans un enfer jusqu'ici, plus d'esprit que de corps. Pour me cacher la perte que nous venons de faire, le Margrave a conservé toutes les lettres qui sont venues de votre part; j'ai cru que tout était perdu. Je viens de recevoir ces chères lettres, qui ont apaisé l'amertume que m'a causée la mort de mon frère, à laquelle j'ai été extrêmement sensible. Vous voulez, mon cher frère, savoir des nouvelles de mon état. Je suis, comme un pauvre Lazare, depuis six mois au lit. On me porte depuis huit jours sur une chaise et sur un char roulant, pour me faire un peu changer d'attitude. J'ai une toux sèche qui est très-forte, et qu'on ne peut maîtriser; mes jambes, ainsi que mes mains et mon visage, sont enflées comme un boisseau, ce qui m'oblige de réserver à vous écrire des choses plus intéressantes par la pièce suivante. Je suis résignée sur mon sort; je vivrai et mourrai contente, pourvu que vous soyez heureux. Le cœur me dit que le ciel fera encore des