31. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
(Baireuth) 20 août 1735.
Mon très-cher frère,
Je croirais avoir perdu la semaine, si je ne profitais deux fois à avoir le plaisir de m'entretenir avec vous; triste conversation qui me reste, mais dont je tâche de me dédommager, ne pouvant avoir le bonheur de vous voir cette année. Je vous plains de tout mon cœur, mon très-cher frère, de la belle campagne que vous allez faire à Wusterhausen. Voyez jusqu'où va ma tendresse pour vous, puisque je souhaiterais être à ce charmant endroit pour avoir le plaisir de vous y voir. Je suis ici dans la chasse jusqu'aux oreilles. Les habitants de nos bois en souffrent, et la nuit il faut encore faire la guerre aux cousins, qui sont ici en prodigieuse abondance, pour les chasser. J'ai fait dernièrement une belle étourderie : ayant appris qu'il n'y avait rien de meilleur pour les exterminer que de faire fumer avec de la poudre, j'ai voulu essayer ce remède; par malheur elle a pris feu. Une de mes femmes de chambre a eu la main brûlée jusqu'aux os, le lit a été fort endommagé; mais par bonheur j'en ai été quitte pour la peur, le dommage n'étant pas de grande importance, et j'ai été moquée comme je l'ai mérité. Mais c'est vous arrêter trop longtemps par mes galimatias. Je passe à des choses plus raisonnables, en vous assurant de la tendresse et parfaite considération avec laquelle je serai à jamais, mon très-cher frère, etc.
32. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
Ruppin, 24 août 1735.
Ma très-chère sœur,
Il est assez incertain si j'aurai le bonheur de vous voir. L'on commence à dire de nouveau que l'armée se rassemble, en quel