<51>Je fais à présent travailler à mon jardin, et comme il est assez grand, vous pouvez bien juger que je ne fais pas beaucoup de progrès.
Nous attendons tous les jours M. et madame de Kannenberg, qui feront l'ornement de notre compagnie, et qui sont nés pour la société. Nous représentons à présent Œdipe,a qui nous divertit beaucoup, et dans lequel il y a des traits de versification magnifiques et des coups de théâtre frappants.
Je vous prie, ma très-chère sœur, ne m'oubliez point, et soyez sûre de l'estime et de la tendresse avec laquelle je suis à jamais, ma très-chère sœur, etc.
50. A LA MÊME.
Remusberg, 8 octobre 1737.
Ma très-chère sœur,
Vous ne devez attribuer mon silence qu'au défaut de nouvelles. Nous menons une vie trop unie pour que nous vous puissions apprendre grand' chose de ces cantons, et j'ai lieu de croire que si j'écrivais tous les jours : Ma chère sœur, je vous aime, ou : Je vous aime, ma chère sœur, de semblables lettres vous ennuieraient beaucoup. Ne souhaitez donc pas, ma très-chère sœur, eu égard à moi, de vous métamorphoser en pierre; vous y perdriez trop, et cet esprit que j'aime et que tout le monde admire est si bien logé dans votre corps, que ce serait un péché de l'en faire sortir. Ne mesurez jamais l'amitié à l'aune, et croyez-moi, ma très-chère sœur, je vous en prie, avec toute la tendresse, tout l'attachement et toute l'estime possible, ma très-chère sœur, etc.
a Voyez t. XVI, p. 368.