<84>et tristes. Je suis accablé d'affaires et de travail. Si je ne vous écris point aussi exactement que je le voudrais, je vous supplie de me le pardonner, car ce ne sera, en vérité, jamais par manque d'estime et d'attention que j'ai pour vous. La seule idée de pouvoir peut-être à présent vous être utile ou servir les honnêtes gens me console du fardeau des affaires, qui me paraît assez pesant. Soyez persuadée, ma très-chère sœur, que je me ferai toujours un plaisir et un devoir de vous marquer en toutes les occasions la tendre amitié avec laquelle je suis à jamais votre très-fidèle frère.
84. A LA MÊME.
Ruppin, 10 juin 1740.
Ma très-chère sœur,
Le titre de votre frère m'est plus glorieux que celui de tous les rois très-chrétiens, ou très-catholiques, ou défenseurs de la foi, et votre amitié m'est plus précieuse que tous les respects serviles d'esclaves et les soumissions rampantes des sujets. Je vous prie, ma très-chère sœur, de me regarder toujours comme votre frère, et comme rien de plus. La Reine a fort bien pris son parti; elle se porte, grâces au ciel, très-bien, et elle est tranquille. Je vous enverrai par le premier ordinaire la relation des derniers jours du Roi; l'on n'en a point encore dressé de procès-verbal, mais on tâchera d'amasser là-dessus toutes les circonstances dont on pourra se ressouvenir, pour satisfaire vos désirs. Adieu, ma très-chère sœur. Je suis encore accablé par le nombre d'affaires que ce changement m'attire sur les bras; dans quelques mois, j'aurai