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88. A LA MÊME.

Trakehnen, en Prusse, 14 juillet 1740.



Ma très-chère sœur,

Si j'avais du temps, je m'étendrais plus longtemps que je le fais en vous assurant de ma parfaite tendresse et amitié; mais, ma très-chère sœur, après huit jours de voyage il n'est guère possible d'écrire de longues lettres, d'ailleurs surchargé d'affaires comme je le suis. Nous raisonnons en chemin de philosophie, Algarotti et moi, et nous badinons avec Keyserlingk. J'espère de vous écrire bientôt de longues lettres, lorsque les longs voyages seront achevés. Adieu, ma très-chère sœur; soyez persuadée que je n'ai rien de plus précieux que votre souvenir, et que je suis à jamais, avec une très-parfaite tendresse, votre très-fidèle frère et serviteur.

89. A LA MÊME.

Königsberg, 17 juillet 1740.



Ma très-chère sœur,

Je viens de recevoir vos deux charmantes lettres. Vous avez trop de bonté de vous intéresser tant à mon sort. Ma destinée errante me promène de province en province. Dans huit jours, après l'hommage, je suis de retour à Berlin, et de là je pars, le mois qui vient, pour Wésel. Vous voyez par là, ma très-chère sœur, que pour courir le monde on n'en devient guère meilleur. Votre histoire de Vérone m'a été confirmée par Algarotti; mais il y ajoute la circonstance, qui éclaircit merveilleusement ce phénomène, que les domestiques de la dame italienne la réduisirent dans l'état que rapporte l'histoire. Je ne crois point aux choses extraordinaires; et plus je vois de merveilleux dans une histoire, et moins j'y ajoute foi. Il y a ici un monde infini, et plus de cent