<104>vous prie, mon cher prince, de témoigner à ma nièce toute la joie que j'ai de l'espoir de fécondité qu'elle nous donne. Regardez-moi, je vous prie, comme le meilleur et le plus fidèle ami de votre maison, charmé si je puis vous convaincre de la parfaite estime et de tous les sentiments avec lesquels je suis, etc.

9. AU MÊME.

Le 19 décembre 1768.



Monsieur mon cousin,

Je prends part à la désagréable scène que vient de vous donner M. de Breteuil.a Il mériterait certainement pis, mon cher prince, que d'être privé de vous voir chez lui, et je crois qu'il ne serait pas mauvais que les États généraux se mêlassent un peu de cette affaire pour rabattre son excessive présomption. Cet homme a fait l'impertinent dans toutes les cours de l'Europe où il a eu des missions, et je vous plains des tracasseries qu'il vous fera essuyer; car, du caractère dont il est, il ne faut pas croire que celles-ci seront les dernières. Cela ne mène pas à grand' chose; il est ridicule qu'un ambassadeur français se targue ainsi à la Haye, pendant que les armées de son maître sont si maltraitées par Paoli.a C'est vis-à-vis de Paoli qu'ils devraient faire les fiers, et soutenir cette fierté par des victoires; mais tout ce que je pourrais dire de plus ne rendra pas raisonnable un homme affolé d'orgueil. Il n'y a que des humiliations personnelles qui puissent le corriger. Souffrez, mon cher prince, que je vous félicite sur les heureuses espérances que nous donne ma nièce. Je souhaite qu'elle accouche d'un fils pour assurer votre succession, et pour faire tomber tout esprit de cabale qui pourrait se former contre vous. Je vous souhaite en même temps mille prospérités


a Voyez t. XXIII, p. 432.

a Voyez t. XIV, p. XVI, art. XLV, et p. 200.