12. AU MÊME.
Le 28 mars 1775.
Monsieur mon frère,
Quelque plaisir que me fassent pour l'ordinaire les lettres de Votre Majesté, je lui avoue que celle que je viens de recevoir m'a plongé dans la plus vive douleur, d'autant plus que le malheur qui nous menace était inattendu pour moi. Je voudrais savoir à tout moment des nouvelles de cette chère sœur, je voudrais voler moi-même à son secours; mais ce sont des choses impossibles. Il ne me reste qu'à faire des vœux pour sa conservation, et d'espérer, s'il est possible, que son bon tempérament surmonte le mal. Je remercie cependant infiniment V. M. de la bonté qu'elle a eue de me communiquer cette triste nouvelle et d'y avoir ajouté la consulte des médecins. Veuille le ciel et la nature la rendre à ses parents qui l'aiment! J'espère que mon sort ne sera pas que, aîné de la famille, j'aie la douleur de voir mourir mes cadets avant moi et d'enterrer ainsi toute ma famille. Que V. M. compatisse à mes alarmes, à mes angoisses, à mes inquiétudes; et si également il se trouve quelque confusion dans ma lettre, qu'elle daigne l'excuser, car ma surprise a été extrême. Veuille le ciel que j'aie <84>la consolation d'apprendre par V. M. même que nos craintes ont été prématurées! Je la prie de me croire avec les sentiments de la plus haute estime et de la plus parfaite considération, etc.