14. AU MÊME.
Le 3 avril 1769.
Monsieur mon cousin,
Je prends comme une véritable marque de votre amitié les nouvelles, mon cher prince, que vous me donnez de l'état de ma nièce. Je ne vous nierai pas que j'ai été dans de grandes inquiétudes pour elle, et je vous ai l'obligation de m'en avoir tiré. Le ciel soit loué qu'elle nous est rendue! Cette malheureuse couche me fait souvenir qu'autrefois madame votre mère se trouva trois fois de suite dans le même cas, et que, étant grosse la quatrième fois, se trouvant alors en Frise, les douleurs de l'enfantement la prirent. Elle fut obligée de recourir à l'assistance d'une paysanne, qui l'accoucha heureusement de la princesse de Weilbourg d'à présent.2_120-a Si cette femme vit encore, je ne crois pas qu'on ferait mal, à la première occasion, de l'employer. Je crois aussi que ma nièce sera obligée de se ménager davantage lorsqu'elle redeviendra grosse, mangeant plus sobrement, et prenant le plus <109>d'exercice qu'elle pourra. Le tendre intérêt que je prends, mon cher prince, à tout ce qui vous regarde me fait hasarder des réflexions sur un sujet aussi intéressant que celui de l'augmentation de votre maison, quoique je ne sois pas grand grec en ces sortes de connaissances. J'ai été charmé d'apprendre l'intérêt que le peuple a pris au malheur domestique qui vient de vous arriver, ce qui prouve bien que les princes, pourvu qu'ils soient bons, seront toujours aimés. Je suis avec le plus tendre attachement, etc.
Je vous prie d'assurer l'accouchée de ma plus tendre amitié.
2_120-a La princesse Caroline de Nassau-Weilbourg était née le 28 février 1743, et mourut le 28 novembre 1788.