<274>d'artillerie. Sur cela, je me disposais à faire mon effort principal avec la gauche, de refuser ma droite,a de prendre l'ennemi en flanc par les hauteurs qui sont vers Kolin, et de le pousser vers tous ces défilés qu'il avait à dos et dans son flanc gauche. Cette manœuvre lui rendait une partie de son armée inutile. Si elle avait été exécutée, son canon ne m'aurait pas fait grand mal, parce qu'il ne pouvait agir que contre une section de mes troupes; et s'il avait été poussé vers ces étangs, son infanterie était en grande partie obligée de mettre les armes bas. Je n'ai d'autre reproche à me faire que de ne m'être pas porté à l'extrémité de notre gauche pour reconnaître ce terrain, qui se trouva plus étendu qu'on ne l'avait décrit. Mon malheur voulut que dans un clin d'œil toute mon infanterie s'engageât contre mes ordres avec l'ennemi, que ma cavalerie n'obéît point aux officiers généraux qui voulurent la mener à notre gauche, et qu'un concours de causes secondes me lût entièrement contraire. Dès que toute mon infanterie se fut engagée mal à propos, la seconde ligne y entra incontinent, et je n'eus pas un bataillon à ma disposition pour soutenir l'attaque de la gauche. Ma gauche avait emporté trois postes, et chargé à sept reprises contre des troupes fraîches qu'on lui avait opposées; quatre bataillons frais gagnaient la bataille; la droite de l'ennemi était totalement battue. Il s'en manqua donc de bien peu que l'affaire ne réussit pas entièrement selon nos souhaits.
La déroute de la droite m'obligea de me retirer vers les neuf heures. L'armée marcha à Nimbourg; elle avait perdu dix mille hommes de la meilleure infanterie, ce qui la rendait trop faible pour soutenir le poste de Planian. Dès qu'il n'y avait plus de corps d'observation entre l'armée de Daun et la bloquade de Prague, il fallait en lever le siége. Je m'y rendis en diligence, et le 20 je marchai tambour battant, avec toutes les troupes qui environnaient le Grand-Côté, à Brandeis, sans que ceux de la ville osassent me suivre. Le maréchal Keith fut canonné en se retirant. Je fis occuper le poste de Bunzlau, et marchai à Lissa,
a Frédéric dit dans les Principes généraux de la guerre, art. XXV, no 7 : « C'est dans ces occasions que mon ordre de bataille oblique peut être employé très-utilement, etc. »