<275>tenant Bunzlau à un mille à ma droite, et Nimbourg à un mille à ma gauche. Le maréchal Keith devait marcher à Michowitz. Les conjonctures des temps m'obligeaient de former deux armées : l'une devait s'opposer aux Autrichiens, faire une guerre défensive pour couvrir la Lusace et la Silésie; l'autre devait couvrir la Saxe et s'opposer en même temps aux Français de la Westphalie, au corps du prince de Soubise, aux troupes des cercles, et aux Suédois, qui menaçaient d'envahir la Poméranie. Je pris pour moi cette tâche, la jugeant la plus difficile, et je donnai à mon frère, étayé de mes meilleurs généraux, le commandement de l'armée destinée à couvrir la Lusace.a Mon frère a de l'esprit, des connaissances, le meilleur cœur de l'univers, mais point de résolution, beaucoup de timidité, et de l'éloignement pour les partis vigoureux.a Je me mis en marche pour joindre le maréchal Keith, que je crus à Welwarn, et que je trouvai acculé à Leitmeritz. Je pris dans ce camp des mesures pour m'emparer d'avance de toutes les gorges et de tous les passages qui mènent en Saxe. Nadasdy vint se camper avec dix mille hommes à Gastorf. J'avais d'ailleurs trois à quatre mille hommes de troupes légères sur les flancs dans les montagnes, avec cela trois mille blessés et un grand magasin à Leitmeritz. Cette ville, commandée par les montagnes des environs, ne pouvait être défendue que par un corps qui occupât ces avenues. J'y postai treize bataillons et vingt escadrons sous les ordres de mon frère Henri, qui s'en acquitta à merveille. L'armée de mon frère fit une marche vers Leipa pour s'approcher de Zittau, où était son magasin, et d'un secours de six mille hommes que le général Brandeis lui amena de Silésie. Toutes nos affaires allèrent passablement jusqu'au 14 de juillet, que Daun prit le camp de Niemes, sur le flanc gauche de mon frère. Il y avait un poste à Gabel, qui faisait la communication de Zittau à notre armée. Mon frère souffrit que l'ennemi se campât sur son flanc, sans changer sa position. Il sut que Gabel était attaqué, et, au lieu d'y marcher avec toute l'armée, il laissa prendre ce poste, ce qui lui coupait
a Voyez t. IV, p. 150-154; t. XXVI, p. 137, no 46, et suivantes.
a Voyez t. XXVI, p. X et XI; t. XXVII. I, p. 69; et le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 145.