ANHANG.3_139-a
1. LA PRINCESSE ROYALE AU ROI FRÉDÉRIC-GUILLAUME Ier.
Berlin, 3 septembre 1735.
Sire,
Votre Majesté me permettra que par celle-ci je me recommande à l'honneur de ses bonnes grâces, qui me sont inestimables, et je prends la liberté de la faire ressouvenir de ma plus humble prière que je lui ai faite touchant le Prince royal, de lui faire la grâce de donner la permission d'oser aller en campagne. Je crois qu'il serait au comble de sa joie, car c'est bien naturel qu'un jeune homme aime à voir de telles choses, et particulièrement le Prince royal, qui a de l'ambition, et qui fait métier de la guerre. Il y pourra toujours profiter. Je prie donc encore une fois très-humblement et très-instamment V. M., si elle a quelques grâces et bontés pour moi, comme elle me l'a assuré si souvent, de lui accorder la permission d'y aller. V. M. me pourra rendre heureuse par là; car, comme V. M. a eu la grâce de me choisir pour sa belle-fille, grâce que je reconnaîtrai toute ma vie, et lui en serai redevable jusqu'au dernier soupir, V. M. voudra aussi bien avoir que je sois heureuse. Elle me le pourra rendre par là, puisque le Prince royal m'en a tant priée de le faire, et m'ayant écrit qu'il m'en aurait une reconnaissance éternelle et sans égale. V. M. ait la grâce de le faire, et elle verra qu'elle trouvera toujours un fils au Prince royal et une fille à moi, qui reconnaîtrons toute notre vie les grâces et bontés de V. M., auxquelles je me recommande plus outre avec le Prince royal, et la prie très-humblement <126>d'être très-persuadée que, tant que nous vivrons, nous serons avec le plus respectueux attachement, étant sans cesse avec la plus parfaite soumission,
Sire,
de Votre Majesté
la très-humble et très-obéissante fille
et servante,
ÉLISABETH.
2. LE ROI FRÉDÉRIC-GUILLAUME Ier A LA PRINCESSE ROYALE.
Potsdam, 6 septembre 1735.
Madame ma fille,
J'ai eu le plaisir de recevoir vos deux dernières lettres, et je vous sais bon gré de toutes les marques qu'il vous a plu me donner de votre tendre souvenir. Je vous tiendrai aussi bon compte de l'amitié que vous témoignez à ma chère fille Sophie. Cependant j'aurais souhaité de pouvoir vous accorder la demande que vous m'avez faite touchant l'envie que mon fils votre époux a d'aller en campagne. Mais la situation des affaires tant publiques que particulières est telle, que si vous en étiez au fait, vous trouveriez vous-même que des raisons très-importantes y mettent un obstacle invincible. Le temps de la campagne est d'ailleurs presque passé, et il ne vaudra pas la peine ni les dépenses d'y aller si tard. Ainsi vous agréerez, s'il vous plaît, que je remette à la prochaine campagne ledit voyage. J'aurai soin d'y préparer tout ce dont le prince aura besoin, et de vous convaincre de la tendre et parfaite amitié avec laquelle je suis et serai toute ma vie,
Madame ma fille,
Votre, etc.
3_139-a Siehe oben, S. 106.