<108>viande, des légumes qu'on trouve aux environs du camp, de Peau-de-vie, et, si l'on peut, de la bière. Il ne suffit pas d'avoir en abondance toutes ces denrées dans l'armée, il faut encore que tout soit à bon marché. Pour pourvoir à ces besoins, on fait des magasins sur la frontière d'où l'on veut commencer les opérations. Si une rivière vous favorise, on y charge dessus des provisions pour plusieurs mois, selon que l'on juge en avoir besoin; si l'on manque de rivière, on fait charrier avec soi pour un ou deux mois de farine, on en fait un dépôt général dans un endroit que l'on accommode ou avec des ouvrages de terre, des palissades, etc., et on y met bonne garnison, qui sert ensuite d'escorte pour les provisions journalières qui vont au camp. Nous avons des moulins à bras dont nous pouvons nous servir et prolonger nos subsistances par ce moyen. Il y a une bonne manière d'assurer les convois, qui est de placer un gros corps entre l'ennemi et le convoi, et d'y donner une escorte à part; l'ennemi craint alors de s'engager entre le détachement et l'escorte, et par ce moyen on le lient en respect. On doit aussi occuper d'avance les postes et défilés que le convoi doit passer, pour ôter à l'ennemi le moyen de s'en servir, et il faut faire parquer les chariots toutes les fois qu'ils passent ces sortes d'endroits. La partie des vivres est la plus intéressante. Si l'ennemi veut faire une guerre défensive, il ne peut vous entamer que par vos subsistances; tous ses détachements n'ont d'autre but que celui-là, et toutes ses troupes légères sont en campagne à ce dessein, ce qui oblige à employer la plus grande prudence et jusqu'aux précautions superflues, pour assurer vos convois, car, si vous êtes vaincu par la misère, vous l'êtes plus fort que si vous perdiez une bataille.
DES FOURRAGES.
On fourrage lorsqu'on est loin de l'ennemi; on fourrage aussi lorsque l'on est campé dans son voisinage. Quand on est loin de l'ennemi, on n'a qu'à donner un bon général et une bonne escorte aux fourrageurs pour les garantir des troupes légères, avec une disposition bien adaptée au terrain, et l'on n'a rien à craindre. Les fourrages qui se font près de l'armée ennemie exigent beau-