<131>sottise. Afin donc de diriger toutes vos démarches vers le but où vous tendez, il faut faire nombre d'ouvertures à ce retranchement, pour que vous en puissiez sortir sans embarras. On fait de faux détachements, que l'on rappelle peu de temps après; on commande des fourrages pour induire l'ennemi d'y envoyer sa cavalerie, on les contremande, et ensuite on tombe sur cette armée affaiblie par l'absence de ses fourrageurs. Dans ses marches, quand on est près de l'ennemi, on fait paraître de fausses têtes de colonnes pour lui donner le change. Enfin je ne finirais jamais, si je voulais faire l'énumération de toutes les inventions que l'occasion fournit, et dont on se sert à la guerre pour tromper son ennemi.
J'en viens aux ruses pour les dispositions. Notre marche par colonnes serrées qui font front à l'ennemi, et qui tout d'un coup se changent en ligne oblique, peuvent être comptées de ce nombre; nos colonnes que nous cachons derrière une aile de cavalerie jusqu'au moment que nous voulons nous en servir sont également de ce nombre; les colonnes d'infanterie masquées par la cavalerie, et qui paraissent à six cents pas, se déploient et font feu sur l'ennemi, sont également du même genre; la disposition des Autrichiens avec leurs carrés d'infanterie derrière la cavalerie peut s'y ranger tout de même; une cavalerie cachée par le terrain, et dont on se sert inopinément, soit pour gagner, derrière un terrain couvert, le flanc ou le dos de l'ennemi, est encore ruse de guerre; c'en est encore une que de cacher un corps dans des broussailles ou dans des fonds un jour de bataille, et qui paraît tout à coup comme un secours, et qui décourage l'ennemi et donne une confiance nouvelle à vos troupes. Toutes les fausses attaques que l'on fait à une armée postée sont des ruses de guerre, car elles servent à diviser son attention et à l'éloigner du projet que vous avez formé et de l'endroit par lequel vous avez résolu de percer. Dans les attaques de retranchements, on se sert des fonds qui en sont proches pour y former les corps par l'effort desquels on veut y pénétrer; c'est de même, comme je l'ai dit, pour tromper l'ennemi. Souvent même il faut tromper et votre adversaire, et vos propres troupes, et cela arrive lorsque l'on est sur la défen-