<14>Znaim et Nikolsbourg, ce qui forcera l'ennemi de se jeter en Autriche. Quoique les Autrichiens abandonnent la Moravie avec leur aimée, ils ne laisseront pas d'y envoyer leurs troupes légères, l'attachement du peuple et la situation du pays les favorisant entièrement. Ces troupes légères se nicheront à votre droite, dans les montagnes qui prennent du cloître Saar à Trebitscha et Gurein, et à votre gauche, du côté de Hradisch et Napagedla.b Il faudra attendre les quartiers d'hiver pour chasser entièrement ces troupes légères de leur repaire, et comme il est à présumer que les troupes hongroises auront abandonné leur dessein sur la Haute-Silésie, on pourra employer en Moravie une partie du corps qu'on leur avait opposé du côté de la Jablunka.
Si j'ai désapprouvé un projet de campagne d'une défensive absolue, ce n'est pas que je ne sente bien qu'on ne peut pas toujours faire une guerre tout à fait offensive; mais je demande qu'un général ne soit gêné par aucun ordre dans sa défensive, et qu'elle soit plutôt une ruse qui, enflant l'amour-propre des ennemis, les induise dans des fautes dont il pourra profiter.
Le plus grand art du général dans la défensive, c'est d'affamer son ennemi; c'est un moyen où, sans rien hasarder, il y a tout à gagner, et voilà ce qu'il faut, ôter au hasard tout ce qu'on peut lui dérober par la prudence et la conduite. La faim vaincra un homme plus sûrement que le courage de son adversaire; mais, comme l'enlèvement d'un convoi ou la perte d'un magasin ne finit pas la guerre, et qu'il faut des batailles pour décider, il est nécessaire d'employer l'un et l'autre de ces moyens pour réussir. Je me contenterai de faire deux projets de défensive selon mes principes, l'un pour la Basse-Silésie, et l'autre pour l'Électorat.
Je suppose que les Autrichiens veulent attaquer la Basse-Silésie du côté de la Bohême, et voici les dispositions par lesquelles je m'oppose à leurs desseins.
J'établis mon magasin principal à Schweidnitz, que je garnis de cinq bataillons et de trois escadrons de hussards; j'établis un dépôt au château de Liegnitz, pour être en état de côtoyer les ennemis, s'ils pénètrent et tournent de ce côté-là; je détache
a Iglau. (Traduction.)
b Kremsier und Ungarisch-Hradisch. (Ibidem.)