<158>que celui qui l'attaque se trouve, avec une marche vive, bientôt au-dessous de son feu, à couvert du canon même.
Les Autrichiens ont bien examiné les avantages et les désavantages de ces différentes positions, de sorte qu'ils réservent et destinent dans leurs camps ces hauteurs qui s'élèvent en amphithéâtre à leur seconde ligne, qu'ils munissent et fortifient de canons comme la première. Cette seconde ligne, qui renferme quelque corps de cavalerie, est destinée à soutenir la première. Si l'ennemi qui attaque plie, la cavalerie est à portée de le charger. Si sa première ligne plie, l'ennemi qui avance trouve, après un rude combat d'infanterie, un poste terrible qu'il faut attaquer de nouveau. Il est rompu par les charges précédentes, et obligé de marcher à des gens frais, bien en ordre, et secondés par la force du terrain.
La troisième ligne, qui leur sert en même temps de réserve, est destinée à renforcer l'endroit de leur poste où l'assaillant se propose de percer; leurs flancs sont garnis de canons comme une citadelle. Ils profitent de tous les petits saillants du terrain pour y mettre des pièces qui tirent en écharpe, afin d'avoir d'autant plus de feux croisés, de sorte que de donner l'assaut à une place dont les défenses ne sont pas minées, ou d'attaquer une armée qui s'est ainsi préparée dans son terrain, c'est la même chose.
Non contents de tant de précautions, les Autrichiens tâchent encore de couvrir leur front par des marais, des chemins creux, profonds et impraticables, des ruisseaux, en un mot, des défilés; et, ne se fiant pas aux appuis qu'ils ont donnés à leurs flancs, ils ont de gros détachements sur leur droite et sur leur gauche, qu'ils font camper à deux mille pas de leurs ailes ou environ, dans des lieux inabordables. Ces détachements sont destinés à observer l'ennemi, afin que, s'il venait inconsidérément attaquer la grande armée, ces corps soient à portée de lui tomber à dos. Il est facile de se représenter l'effet que cette diversion opérerait sur des troupes qui sont occupées à charger l'ennemi, et qui se trouveraient inopinément prises en flanc et par leurs derrières. Le commencement du combat en serait la fin, et ce ne serait qu'une confusion, un désordre et une déroute.
Comment engager une affaire, dira-t-on, avec des gens si