<61>dérangea tout à fait M. de Vendôme.b Nous avons tous vu la confusion qui se mit, l'année 1744 dans l'armée française, lorsque le prince de Lorraine surprit le passage du Rhin.c Je conclus donc que les mêmes causes sont toujours suivies des mêmes effets, et que, toutes les fois qu'un général compassera bien ses mouvements et les fera pour des objets de conséquence, il jettera son ennemi sur la défensive, en l'obligeant à se régler sur lui.

ARTICLE XXI. DES PASSAGES DE RIVIÈRES.

Dès que l'ennemi est à l'autre bord de la rivière que vous voulez passer, la force devient inutile, et il faut recourir à la ruse. Il faut imiter le passage du Rhône,a de César, celui du Pô, du prince Eugène, et celui du Rhin, du prince de Lorraine, lorsque c'est une grande rivière qu'il faut passer. Ces capitaines ont fait quelques détachements pour tromper les ennemis et leur dérober l'endroit qu'ils avaient choisi pour leur passage. Ils ont fait des préparatifs pour des ponts dans des endroits sur lesquels ils n'avaient aucun dessein, et leur force principale a dérobé par une marche de nuit l'avance dont elle avait besoin pour passer avant que les défenseurs le lui pussent empêcher. On choisit des lieux où des îles facilitent le passage, et l'on aime à trouver à l'autre bord des bois ou des pays difficiles qui empêchent les ennemis de vous attaquer avant que nous en sortiez. Il faut que les mesures soient extrêmement bien prises pour ces sortes d'entreprises, pour que les radeaux, les pontons et les ustensiles se trouvent tous sur les lieux à l'heure marquée, que chacun des pontonniers ou bateliers soit instruit de ce qu'il doit faire, que l'on évite surtout la confusion qui se met si facilement dans ces


b Il faut lire : le maréchal de Catinat. La méprise qui se trouve dans notre texte est répétée dans la traduction, p. 125.

c Voyez t. III, p. 51 et suivantes.

a Frédéric veut dire : le passage du Rhin. Voyez Jules César, De bello gallico, liv. IV, chap. 16, 17 et 18. La traduction porte également, p. 126 : über die Rhone.