<77>10. BATAILLES DANS DES PLAINES COUPÉES.
Ces sortes de batailles sont absolument du genre des postes. On attaque par l'endroit le plus faible. Je ne voudrais jamais que mon infanterie tirât en de pareilles occasions, à cause que cela les arrête, que ce n'est pas les ennemis que l'on tue qui nous donnent la victoire, mais le terrain que l'on gagne. Ainsi, avancer fièrement et en bon ordre, et gagner en même temps du terrain, c'est gagner la bataille. J'ajoute à ceci comme une règle générale que, dans les terrains coupés et difficiles, on donne quinze pas pour les distances des escadrons; quand c'est une plaine, ils sont contigus. Pour la ligne d'infanterie, elle n'a d'autre intervalle à moinsa celui qu'il faut pour le canon, et il n'y a qu'aux attaques de retranchements, aux attaques de batteries ou de villages, et dans les arrière-gardes de retraites, que je mets l'infanterie et la cavalerie en échiquier dans les attaques, pour que les corps puissent se replier sans confusion, ou pour fortifier tout d'un coup votre ligne par la seconde, qui entre dans les intervalles de la première, et dans les retraites, pour que les lignes puissent se retirer sans confusion et s'entre-soutenir toujours. Ceci est une règle générale.
11. DES BATAILLES EN RASE CAMPAGNE. (Plan VII.)
Je trouve ici le lieu de donner quelques règles générales de ce qu'il faut observer en formant l'armée vis-à-vis de l'ennemi, dans quelque occasion que ce soit. La première est de prendre des points de vue pour les ailes; on fait dire par exemple : La droite s'alignera sur ce clocher, et la gauche sur ce moulin à vent. Il faut, de plus, que le général retienne ses troupes, pour qu'elles ne prennent pas une fausse position. Il n'est pas toujours nécessaire d'attendre que toute l'armée soit formée pour attaquer, car cela va vite, et l'on pourrait perdre ses avantages mal à propos par ces longueurs; mais il faut cependant qu'un nombre considérable soit formé, et l'on a toujours sa principale attention à la première ligne; ainsi, sans égard à l'ordre de bataille, si les ré-
a Le sens exigerait ici que, au lieu de à moins.