<110>tous en même temps au lieu où l'on s'est proposé de former l'armée. Dans de telles dispositions, il faut que, en entrant dans les quartiers, chaque régiment ait la route qu'il doit tenir pour se joindre à sa brigade, et que chaque brigade, de même, ait sa route prescrite pour joindre l'armée par le plus court.
DES MARCHES ET DES CAMPAGNES D'HIVER.
Ces sortes d'expéditions demandent d'être exécutées avec beaucoup de prudence, ou l'on risque de voir abîmer son armée presque sans combattre. On fait ces campagnes d'hiver, soit pour prendre possession d'un pays où l'ennemi n'a pas beaucoup de troupes, soit pour tomber sur ses quartiers. De la première espèce furent nos campagnes de l'année 1740 et 1741, en Silésie et en Moravie. Nous marchâmes en Silésie en deux colonnes, l'une qui côtoyait les montagnes, l'autre qui longeait l'Oder pour nettoyer le pays, pour prendre ou, si on ne le pouvait, bloquer les forteresses; ce qui fut exécuté après qu'on eut réglé la marche de ces deux colonnes, qui, se trouvant toujours à même hauteur, pouvaient se donner des secours réciproquement. Les forteresses demeurèrent bloquées jusqu'au printemps; Glogau fut surpris; bientôt Breslau essuya le même sort; Brieg fut pris après la bataille de Mollwitz, et Neisse tomba à la fin de la campagne. Nous entrâmes, l'année 1741, sur une colonne en Moravie, qui s'empara d'Olmütz; on se contenta de bloquer Brünn, que les Saxons devaient assiéger le printemps de 1742. Mais cette campagne fut dérangée par la retraite des Saxons et par l'inaction des Français. Nous quittâmes la Moravie, après avoir poussé en Autriche jusqu'à Stockerau,a et après avoir enlevé en Hongrie un corps d'insurgents que la cour voulait employer sur nos derrières. Ces sortes d'expéditions veulent qu'on emploie toute la vigilance possible pour ne point être surpris; par cette raison, nous eûmes constamment un corps devant le front des troupes, un autre sur la droite, un autre sur la gauche, dont les patrouilles
a Voyez t. II, p. 125.