<111>nous avertissaient de tous les mouvements de l'ennemi. Avec cela, les cantonnements étaient resserrés; deux ou trois bataillons étaient dans la nécessité de se contenter d'un seul village, et leur bagage était parqué en dehors, défendu par une redoute; aussi ne nous arriva-t-il aucun accident. A la fin de l'année 1745, le prince de Lorraine entreprit une pareille expédition; c'était au mois de décembre qu'il voulut pénétrer de la Bohême dans le Brandebourg, en traversant la Lusace. Voici les fautes qu'il fit. 1o Il marcha sans avant-garde et sans cavalerie qui côtoyât la Silésie pour lui donner des nouvelles des Prussiens. 2o Il se chargea de trop de bagage. 3o Ses cantonnements occupaient un front de trois milles de largeur et de trois milles de profondeur, parce que les troupes n'étaient pas assez resserrées, comme elles devaient l'être; il fallait plus penser à leur sûreté qu'à leur commodité. 4o Étant près de nos frontières, il ne formait ni colonnes, ni ordre de marche. Nous en profitâmes comme de raison, et, en passant le Queis,b nous tombâmes sur ses quartiers à Catholisch-Hennersdorf, et lui enlevâmes quatre mille hommes. Notre armée campa sur les lieux, et le prince Charles, qui risquait d'être pris à dos, fut obligé de se retirer en Bohême d'un pas qui ressemblait plutôt à une fuite qu'à une retraite; il y perdit son bagage et une vingtaine de canons.

L'expédition du maréchal de Saxe sur Bruxelles se fit au mois de mars. Il tomba sur les quartiers des alliés, les dispersa, et entreprit le siége de Bruxelles, qu'il prit. Il fit camper la plupart de ses troupes, et il ne négligea pas d'avoir de gros détachements entre lui et l'ennemi, pour être averti à temps du moindre de ses mouvements. Tant il est vrai que tout général qui ne s'écarte pas des maximes de la prudence et de la prévoyance doit réussir presque toujours, et que des entreprises étourdies ne peuvent avoir de succès que par le plus grand des hasards, parce que d'ordinaire l'imprudent périt où le sage prospère.a

A la fin de l'année 1744,b lorsque le prince d'Anhalt chassa les Autrichiens de la Haute-Silésie, le froid était excessif; mais


b Voyez t. III, p. 171 et 172.

a Voyez t. X, p. 41 et 77; t. XII, p. 65.

b En janvier 1745. Voyez t. III, p. 87 et 88.