<135>et qu'alors tout de suite elle prenne à revers la tête de pont de Leitmeritz, pour y transporter de Dresde ses farines. Voilà donc une boulangerie établie. Les vingt mille hommes demeurés à Dresde prennent alors le camp près de Leitmeritz. L'on n'a guère besoin de laisser beaucoup de troupes à Zittau; car il faut, s'il se peut, entamer le corps autrichien qui a défendu cette frontière, pour le mettre en combustion, et l'armée doit s'avancer, avec quelques magasins transportés par l'Elbe, du côté de Melnik. Dès qu'on a du pain en avance, commencent les véritables opérations de guerre, qui doivent être dirigées du côté de Gitschin. Ce mouvement suffit pour contraindre l'armée impériale à quitter son camp de l'Elbe; mais c'est aussi le moment où l'armée de Silésie doit être la plus alerte pour suivre incessamment l'ennemi, passer l'Elbe promptement à sa suite et le talonner, de façon que, au lieu de marcher contre l'armée de Saxe, où il se trouverait entre deux grandes armées, cela l'oblige de prendre sa retraite vers Pardubitz, derrière les étangs de Bohdanetz. Dès lors, si on le juge à propos, Prague peut être pris par un coup de main, à moins que l'armée d'Éger ne se hâte pour nous prévenir. Mais dès lors, en laissant trente mille hommes en Bohême, le reste de l'armée peut tourner vers la Haute-Silésie. Il y a deux marches à faire; il est impossible, quand on ne sait pas l'état actuel des choses, de choisir la plus convenable; l'une est par Patschkau et Neustadt, l'autre par Habelschwerdt, Leutomischl, Schönhengst, vers Neustadt. Reste à savoir si, en prenant cette dernière route, le pain pourrait être fourni assez abondamment de Glatz; de plus, en prenant cette marche, il faudrait de toute nécessité que le corps de Léobschütz coopérât à faire réussir cette entreprise, et la grande difficulté serait de faciliter la jonction de ces corps. Il est probable que les Autrichiens de Heydepiltsch, se voyant pris à revers, se retireraient à Olmütz; alors on aurait gain de jeu; mais au cas que cela n'arrivât point, il resterait toujours le passage d'Altstadt pour se joindre au corps de Léobschütz. Reste à savoir alors où sont les Russes, s'ils sont en marche, s'ils sont vers Cracovie, ou s'ils n'ont pas encore quitté leurs frontières; car ce sont des préalables qui doivent décider des opérations ultérieures.