<136>Supposons maintenant tous les cas différents. Si les Russes sont encore sur leurs frontières, il serait bon de voir par une tentative si l'on ne pourrait pas chasser les Autrichiens de Bilitz. Il paraît qu'on pourrait les obliger, en y détachant un corps, de céder le terrain; car ils ont deux retraites, l'une vers la Jablunka, dans les hautes montagnes de la Hongrie, et l'autre dans la Pologne, vers les monts Krapacks. Ainsi, à peine les aurait-on chassés, qu'on les y verrait revenir. Le seul avantage qu'on pourrait tirer de cette opération consisterait de parvenir à ruiner leur magasin de Bilitz, qu'ils ne pourraient pas reformer si promptement. Il serait nécessaire que, pendant cette expédition, le gros de l'armée de Moravie se tînt entre Jägerndorf et Troppau, dans un bon camp, pour contenir les Autrichiens dans leur camp de Heydepiltsch. En second lieu, si nous supposons que le corps auxiliaire des Russes s'est déjà mis en marche, ce serait le même plan auquel il faudrait se tenir; mais si leurs troupes s'approchaient de Cracovie, cela donnerait lieu à d'autres combinaisons. De quelque force que soit ce secours, l'usage des Russes n'est point de se hasarder. Ils poussent les précautions à toute outrance, et l'on ne parviendra pas à leur faire passer la Vistule, à moins qu'une vingtaine de mille hommes ne leur en facilitent le passage. Il sera nécessaire de les envoyer au-devant d'eux, à moins de vouloir renoncer à leur jonction. Or ce projet ne saurait indiquer quel chemin il faudra prendre à leur rencontre, parce qu'il faudrait savoir préalablement quelle position prendra l'armée autrichienne en Lodomérie; 2o quelle sera sa force; 3o si elle agira sur la défensive, ou si elle voudra attaquer les Russes sur les frontières polonaises. Ce sont des détails dont on doit être instruit en temps et lieu, et sur lesquels se doivent régler les opérations conjointement avec les Russes. Autant que je connais celte nation, ses secours n'arriveront que sur la fin de la première campagne, car ils préfèrent les quartiers d'hiver aux travaux de la guerre. Cela étant ainsi, il paraît apparent que ce que nous venons d'indiquer sera le résultat d'une première campagne, supposé encore que tout y réussisse à souhait. Voici alors les questions qui s'ensuivent, et qui sont difficiles à résoudre.