<137>1o Prendra-t-on des quartiers d'hiver en Bohême? 2o Comment les réglera-t-on? Voici ma réponse.
Si l'on a pu se rendre maître de Prague, l'on peut sans difficulté prendre des quartiers d'hiver en Bohême, parce que, à Prague, on peut y mettre, en cas de nécessité, trente bataillons, ce qui fait une bonne tête, et que, dans les environs, on peut tenir commodément sous sa main quarante à soixante escadrons. Le reste des troupes pourrait être distribué depuis Melnik jusqu'à Leitmeritz, pour demeurer maître de l'Elbe et de la Moldau. Mais si l'on n'est pas maître de Prague, la difficulté sera énorme, à cause que l'armée autrichienne qui se trouve auprès de Bohdanetz occupera l'Elbe, qu'elle a de l'autre côté quantité de villes où elle peut se resserrer, comme Chrudim, Czaslau, Kuttenberg, etc., au lieu que de ce côté-ci il n'y a que de mauvais villages où les troupes éparpillées ne peuvent présenter aucune tète, et où les quartiers seraient inquiétés durant tout l'hiver, sans compter qu'il serait impossible d'éviter qu'il n'y eût des postes enlevés. Supposons même qu'on se lût emparé de Königingrätz, cela n'empêcherait pas l'impossibilité de tenir de ce côté-ci de l'Elbe, dans un pays fourragé et où il faudrait transporter de Silésie jusqu'à la moindre botte de paille. Où trouver tous les chevaux en Silésie pour ce transport? Et quelles sommes énormes cela ne coûterait-il pas, sans compter que les troupes inquiétées pendant tout l'hiver seraient ruinées au printemps suivant, à l'ouverture de la campagne!
Mais, dira-t-on, est-il honorable de se retirer après avoir soumis un terrain aussi étendu? J'avoue qu'il serait à désirer qu'il y eût moyen de s'y maintenir, et cela ne peut avoir lieu, à moins que, par une bataille bien décisive, l'armée ennemie n'ait souffert des pertes si considérables, qu'elle n'ose plus se remontrer en campagne. Alors on a les bras libres, et l'on peut s'établir comme on le juge à propos, en faisant livrer le pays conquis et en profitant de tous ses avantages.
Venons à la seconde campagne. A-t-on pu se maintenir en Bohême? Ne l'a-t-on pas pu? Voilà sur quoi les opérations doivent se régler. Si l'on est demeuré maître de la Bohême, la grande armée doit s'assembler auprès de Prague. Si elle peut,